La Bataille de Souain - Epilogue
21 septembre 1915 : en Champagne, préparation intensive de l'artillerie anglaise (19 canons), et française (47 canons de gros calibre), tous les 1,5 km.
S'opposant dans l'idée à Foch, Joffre affirme le 23 août que la rupture du front est possible, par des offensives puissantes, dans différentes régions et sur un très large front.
Les effectifs de l'armée française sont alors de 2,2 millions d'hommes, et l'armée anglaise de French peut aligner 21 divisions sur le front.
Les offensives d'Artois et de Champagne sont fixées au 25 septembre.
En Champagne, 35 divisions seront mobilisées aux ordres de Castelnau, réparties entre la IIe (Pétain) et la IVe Armée (Langle). L'offensive s'étalera sur 25 km, entre Suippes et l'Aisne supérieure (région Vouziers-Sedan).
Le 22 septembre, l'artillerie entre en action.
L'infanterie est engagée le 25 septembre au matin, par assaut à la baïonnette.
En Champagne, une pluie diluvienne ne cessera jusqu'au 29 septembre. La bonne préparation de l'artillerie, du 22 au 24, permet de prendre d'un seul élan la première ligne allemande. Seules des poches subsistent au nord-ouest et au nord-est de Souain.
Le 7e corps (celui du 35e RI) de Villaret conquiert la longue épine de Vederange.
Le 26, la progression française tombe sur la 2e ligne, truffée de blockhaus très efficaces. Ces positions ne peuvent être entamés, malgré les assauts des 27 et 28.
L'offensive s'achevant le 7 octobre, permit la prise de Tahure et la butte Tahure.
Du 25 septembre au 7 octobre, 138 000 hommes perdus pour les IIe et IVe Armées.
Le 1er novembre, l'ensemble des opérations était définitivement arrêté. Cet échec ruinait l'espoir de décision par la rupture du front.
JMO du 35e RI (p.23) : " Le 24 au soir, les 3e et 2e Bataillons quittent définitivement le bivouac du camp de la Suippe, respectivement à 19 heures et à 20 heures 30, pour venir occuper les places d'armes, en exécution des ordres reçus."
25 septembre : Mobilisation générale en Bulgarie, entrée en guerre au côté des Allemands.
Les troupes austro-hongroises et allemandes de Mackensen prennent Brest-Litovsk. L'ensemble de la Pologne est en leurs mains.
Une division française quitte Sedd ul Bahr pour aider les Serbes à Salonique, attaqués par les Bulgares.
ARTOIS : 3e offensive d'Artoirs, par les Anglais. Haig lance les 21 et 24e divisions, novices de la nouvelle armée Kitchener. Malgré leur courage, c'est le massacre.
Après 3,5 heures, les Anglais ont perdu plus de 8 000 hommes (une centaine pour les Allemands).
Utilisation des gaz mais vent nul. La 47e Territoriale peut passer, et les Anglais gagnent la ville de Loos maison par maison. Les Ecossais atteignent Saint-Augustin, Beuvry et Noeux. Gough enlève la redoute Hohenzollen mais recule à Haisnes. Hulluch et Auchy tiennent.
Le 33e Corps de Fayolle s'emparent du château de Carleul et parviennent au nord des 1ères maisons de Souchez. D'autres atteingnent le Bois de la Hache. La résistance est vive et Souchez tombera le 26 septembre.
Bilan : prises d'Hulluch, Loos-en -Gohelle, du plateau de Lorette. La Bataille d'Artois va durer jusqu'au 8 octobre.
CHAMPAGNE : 3e bataille de Champagne. 20 divisions françaises contre 6 divisions allemandes.
9h15: déclenchement de l'offensive Joffre.
1ère utilisation des gaz par les Français. L'armée anglaise de Lord Kitchener, inexpérimentée, perd 50 000 hommes.
2e théatre des opérations entre vallée de la Suippe et l'Aisne : 9 h assaut français ; prise de la ferme Navarrin ; résistance au Bois des Abattis.
Bilan : prise de Massiges, mont Têtu , Maison en Champagne, abord de Tahure, Trou Bricot, butte de Souain.
Près de Perthes, il est consolidée une place d'armes "place de l'Opéra" avec 20 000 sacs de terre.
Echec de la percée qui dure jusqu'au 7 octobre.
Historique du 35e RI (pp.11-12) : "C'était le 25 Septembre 1915. L'heure était enfin venu d'abandonner l'outil pour la baïonette et la grenade. [...] A 9 heures tout le monde était en place et notre artillerie donnait toujours. L'ennemi ayant remarqué de l'agitation dans la tranchée française ouvre alors un feu d'une extrême violence. Mais cela n'arrête pas l'élan et à 9 h. 15, notre artillerie allonge son tir, nos compagnies sortent successivement de la tranchée et malgré les balles qui sifflent de tous côtés vont en courant à l'attaque. Le feu des mitrailleuses devient tellement violent que l'assaut parait un instant brisé [...] Malgré des pertes élevées [...] ."
JMO du 35e RI (pp.23-24) : "Le déclanchement de l'attaque est fixé à 9h15. Vers 9 heures, les unités quittent les places d'armes et vont, non sans avoir à souffrir d'un tir d'artillerie ennemie, occupé leurs emplacements [le 10e compagnie en 4e et dernière ligne, à droite du dispositif] Exactement à l'heure prescrite, les vagues déferlent, et, en même temps l'ennemi ouvre un feu extrêmement violent à l'aide de mitrailleuses installées dans la lisière est du massif boisé 150. [...] La progression des Ier et IIIe Bataillons est excessivement pénible en raison de l'intensité du feu des mitrailleuses [...] Le Colonel Tesson [...] signale au Général Lacotte [...] l'importance des pertes subies [...] ."
Suite au pertes successives subies, le commandement du IIIe bataillon finit par échoir au sous-lieutenant Allemand, de la 10e compagnie.
Le 35e RI sera relevé dans la nuit du 29 au 30 septembre, après 5 jours de combats acharnés. Le bilan est extrêment lourd : 387 tués, 935 blessés et 360 disparus, soit 1682 hommes ! Sur les 65 officiers du régiment présent le 1er septembre, 20 tués et 24 blessés...
[Bataille infernale de Souain.
Le Sergent chef de section ROTH Henri est blessé à l'avant-bras droit par une balle explosive de mitrailleuse. Il perd connaissance]
[Durant la nuit, il reprend conscience, pour ramper dans la boue. Il reperd connaissance aux abords d'une route. Par chance, un véhicule français le trouve et l'évacue]
Abel Castel fut retenu prisonnier dans un camp de Silésie, près de la frontière polonaise jusqu'en 1919.
Par la suite il reprit une ville normale, dans son village de Champagney, en Haute-Saône.
Il fut sacristain.
Au cours de la seconde guerre mondiale, il fit montre du plus grand courage pour secourir les blessés durant les 55 jours de bombardements Champagney (fin 1944) : il montait dans le clocher de l'église et repèrait ainsi les habitations touchées, avant de partir aider les victimes. Il avait peint une croix rouge sur son casque de la Grande Guerre...
Il eut 3 enfants : Edmée (née avant le conflit), Bernard et Colette.
Par la suite, transféré à l'hôpital militaire de Pau, Henri ROTH refusa avec énergie l'amputation de l'avant-bras droit, dictée par les médecins. Il garda ainsi simplement une cicatrice en forme de trou, et apprit à écrire plus-tard de la main gauche.
Durant son séjour à Pau, le sergent ROTH suivit une correspondance avec la famille Couyba qui eut le malheur de perdre un de leur fils (le 2 novembre 1914, suite à ses blessures reçues sans doute le 30 ou 31 octobre) : ce dernier avait en effet servi dans l'escouade du sergent. Les lettres étaient écrites par un camarade, ainsi qu'une partie des carnets de guerre, endommagés par le séjour dans la boue, les 25 et 26 septembre.
Revenu à la vie civil, il marqua Champagney (70), en y implantant une fonderie. Il devint maire de la ville dans les années 30, ainsi que président des pompiers et de l'harmonie municipale.
Il resta durant tout le temps des bombardements de Champagney (55 jours) dans un abri qu'il avait fait aménagé. C'est lui qui annonça de sa maison que la voie était libre au Général Brosset dont les troupes venaient de libérer la petite ville (ce dernier devait périr quelques minutes plus-tard).
Il eut 4 enfants : André (né au début du conflit), Henriette, Jacques et Yvette.
Il reçu la légion d'honneur au début des années 1980, peu avant de disparaître..